vendredi, mai 20, 2011

l'iPhone 6, tellement différent...

A 50 ans depuis peu, je vais devoir porter une paire de lunettes (rappelez-moi que je dois quitter le bureau plus tôt parce que l'opticien ferme à 19h).
Heureusement, Steve Jobs, dans sa grande bonté, a pensé à moi et à mes semblables : il a créé l'iPhone 6 pour nous, les myopes. Une version XXL qui pourra être vue de loin et commandée depuis le lit, à condition d'être déjà possesseur d'un modèle précédent. Une façon de récompenser et fidéliser les vieux clients ?

Merci qui ? Merci Steve.

l'iPhone 6, vu sa taille, sera télécommandé depuis le lit par n'importe quelle version précédente.

Comment l'iPhone marque le début de l'iconisation du monde

Il n’y a guère d’effort à faire pour attribuer à différents objets physiques liés aux technologies de l’information des points de similitude avec certaines mythologies. Il n’est qu’à observer les écrans plats d’ordinateurs, de télévision[1] ou à l’iPhone ou à l’iPad d’Apple. La surface lisse de ces objets, plate et brillante (miroir, comme le précisent les fabricants), toujours noire, renvoie en effet à un imaginaire fécond en symboles, comme l’avait en son temps illustré le monolithe sombre et glacé du film 2001, l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1969).
le monolithe de "2001, a space odyssey"

La définition améliorée des écrans récents permet de rendre “graphique” cette interface, alors que les écrans monochromes des années 70 ne permettaient l’affichage que de caractères écrits. Les signes passeurs [Jeanneret, 2001] y empruntent des formes variées : chaînes de caractères, formes géométriques colorées, icônes. Ces derniers, les icônes, ont tendance à gagner l’espace de nos écrans. Cette icônisation croissante du mode d’interaction homme-machine, on la doit en particulier à l’impulsion d’Apple. Ce constructeur emblématique a, très tôt, mis en scène sur l’écran ce symbole d’actualisation de fonctionnalités auparavant accessibles uniquement par l’écrit (langage machine ou évolué). Son charismatique fondateur et Président, Steve Jobs, a en effet depuis longtemps compris le poids de la symbolique dans le design de ses produits.[2]

Les icônes ne sont pas que de simples agencements de pixels rassemblés dans un dessin symbolisant une fonction. Elles figurent aussi le pouvoir de l’utilisateur de se rendre là où il veut en « cliquant » sur elles. Dans l’icône sacrée, le sujet est représenté en perspective inversée afin que le contemplateur devienne le point convergent de l’icône, ce qui facilite la création d’un lien d’intimité entre le contemplateur et la représentation du sacré.
représentation iconique en
perspective inversée
On retrouve cette fonction de mise en intimité dans l’icône signe passeur où le contemplateur (l’utilisateur) est placé dans une position privilégiée pour accéder à l’espace qu’ouvre l’icône, une fois activée. Il n’est pas anodin de rencontrer sur ces nouveaux dispositifs de communication, notamment les « smartphones », autant de surfaces en miroir et autant d’icônes. Écarté depuis longtemps du temple et de ses secrets, l’individu profane retrouve avec ces dispositifs une relation plus directe avec le « savoir », la connaissance, sans qu’il lui soit nécessaire de passer par l’intermédiation du « prêtre ».

Apple et la révolution digitale
(publicité destinée à préparer
le grand-public à l'ère
de l'écran tactile ?)
Il dispose - enfin - d’un moyen personnel, intime, d’entrer au contact de ce qui lui était jusque là inaccessible. L’expression au doigt et à l’œil n’a jamais été autant d’actualité : il n’est qu’à observer tous ces glissements de doigt sur les écrans et la captation du regard par ces mêmes écrans dans les transports collectifs urbains pour s’en convaincre.

Soulignons enfin l’identité terminologique entre la génération des « digital natives » (les natifs de l’ère numérique, version francisée de digital era) et cette approche digitale (mais dans son sens physique originel) de l’interface homme-machine.




(extrait de “Comment les représentations que se font les entreprises des jeunes salariés et de leurs habiletés techniques transforment-elles les relations de travail et les formes du pouvoir et de l'autorité ? », Perelman Jérôme, Mémoire de Master2 « communication et technologies numériques », Celsa / École des Mines d’Alès, novembre 2010).


[1] Certains de ces téléviseurs procèdent d’ailleurs d’une technologie dite plasma, un attribut que l’on peut référer aux origines du Monde – le plasma, quatrième état de la matière, dont le nom est toujours associé au Big Bang – et également au sang nourricier.
[2] Jean-Marie Floch a décrit de manière très fouillée et argumentée le statut symbolique du logo d’Apple : « (…) il n’est pas illégitime de reconnaître deux grandes axiologies de la connaissance qui perdurent à travers les âges de la pensée occidentale : celle, phonocentrique, qui d’Aristote…à IBM, exalte la raison et la connaissance indirecte des réalités du monde par la médiation du langage verbal ; et celle, optocentrique, qui, de Plotin… à Apple, a choisi le camp de l’intuition et de la connaissance directe. », in Identités visuelles, 1995, PUF, p.67

Apple, une nouvelle divinité ?

Comme le rappelle Jacques Perriault, « La sphère technicienne a un comportement qui prend souvent un caractère messianique. L’annonce d’une nouvelle machine à communiquer a les accents d’une révélation. Tous les emplois possibles en sont énumérés et le plus grand nombre est invité à s’en servir. La nouvelle machine apparaît alors comme un saut dans la société. » Et quelques lignes plus loin, « deux types de discours coexistent quant aux technologies de la communication. L’un est précis, technique, laïque, pourrait-on dire, quant aux capacités des machines. L’autre est généralisant, idéologique, incantatoire, ressemblant, à l’objet près, au discours religieux. »[1].

Ces assertions déjà anciennes s’appliquent parfaitement aux nouveaux objets communicationnels que sont les smartphones ou aux tablettes (ardoises en français). Elles sont également adaptées aux “Keynotes” d’Apple (du nom du logiciel de présentation éponyme d’Apple), grand-messes animées par Steve Jobs, annoncées des semaines à l’avance et attendues par les médias et le public comme un événement majeur dans le devenir, voire l’avenir de la société.
Les annonces faites lors de ces présentations déclenchent le plus souvent une vague d’intérêt et de médiatisation comparable à l’apparition d’un chef d’état dans une zone de guerre ou du pape dans un pays catholique. Les appareils qui y sont mis en scène ne sont pas seulement des objets techniques. Ils nous proposent une expérience de vie, une nouvelle forme de relation au monde[2].
La démarche holistique employée vise à minimiser les caractéristiques techniques au profit des potentialités d’usage. « La technique quitte ainsi imperceptiblement sa condition de pure production humaine pour se charger d’une dimension transcendante » [Habermas 1973][3]. Regroupée en un même espace, sur une même surface, l’actualisation de toutes les fonctions rendrait presque obsolètes les périphériques (écran, clavier, souris…) qui nous accompagnent depuis si longtemps. L’expérience haptique[4] trouve avec l’écran tactile un nouveau développement : on touche ce qu’on voit, on fait ce qu’on voit. Et cette puissance est accessible à tout un chacun, sans l’intermédiation jusque-là dévolue aux ingénieurs informaticiens : un dispositif communicationnel comme l'iPhone coûte en France, avec le subventionnement de l’opérateur, l’équivalent d’une journée de travail moyenne, parfois beaucoup moins.[5]

(extrait de Comment les représentations que se font les entreprises des jeunes salariés et de leurs habiletés techniques transforment-elles les relations de travail et les formes du pouvoir et de l'autorité ? », Mémoire de Master2 « communication et technologies numériques », Perelman Jérôme, Celsa / École des Mines d’Alès, novembre 2010).



[1] Perriault, Jacques, La logique de l’usage, p.71-72
[2] « le i phone me permets, grâce à ses nombreuses applications, d’être plus qu’un téléphone disons un outil de vie » revelus, http://plus.lefigaro.fr/note/les-nouvelles-technologies-ont-elle-des-consequences-su-votre-vie-de-famille-201006007/commentaires (texte non retouché)
[3] Cité par Jauréguiberry, Francis, in « Le moi, le soi et Internet », Sociologie et sociétés – les promesses du cyberespace, p.148
[4] L’haptique est la technique qui permet à un programme informatique de produire un ressenti physique chez l’utilisateur. On trouve par exemple des vêtements haptiques qui permettent de reproduire sur le corps les différentes sensations du toucher, pour amener la personne qui porte ces vêtements à ressentir des sensations physiques (gants, t-shirts…).
[5] Sur le site www.orange.fr en octobre 2010, 31 smartphones sont disponibles à la vente, dont 16 à 1 € (selon la formule d’abonnement retenue).

mercredi, mai 04, 2011

Génération X et outils numériques : c'était hier et c'est déjà vieux.

Un individu né en France en 1961 (votre serviteur par exemple) aura connu la télévision couleur à l’âge de six ans, le choix entre trois chaînes dès l’âge de 11 ans. Jusqu’à vingt ans, il aura pu écouter cinq radios publiques et trois radios privées sur les grandes ondes. Le téléphone filaire à cadran rotatif sera son seul moyen de contact synchrone avec l’extérieur jusqu’au même âge (il lui suffisait de composer 6 ou 7 chiffres jusqu’à 24 ans, 8 jusqu’à 35 ans). Une heure de communication locale coûtait l’équivalent de 2,10 € quand il avait 27 ans (source).
A condition d’être suffisamment fortuné pour pouvoir dépenser 25 000 F (plus de 3 800 €, sans compter les communications) pour acheter un combiné portatif de près de deux kilos, il aura pu goûter dès 25 ans aux joies de la téléphonie mobile (Radiocom 2000, 1986), et à son 30ème anniversaire, au moderne GSM (1991 en France). Son premier contact avec un ordinateur personnel remonte vraisemblablement à son 14ème anniversaire (Altair 8800 vendu en kit aux USA pour 400$), mais plus sûrement à 20 ans avec un IBM PC ou compatible. Il aura pu découvrir la messagerie instantanée à 35 ans (ICQ, 1996). S’il est devenu à 95% utilisateur de Windows, c’est parce qu’il l’aura découvert à son lancement quand il avait 24 ans. Avec un peu de chance, il aura rencontré le Web à 28 ans, et pu y naviguer, autrement qu’en saisissant sur son clavier des adresses chiffrées, grâce à un navigateur (Mosaïc), vers l’âge de 32 ans. Son premier jeu électronique a de bonnes chances d’avoir été Pacman, quand il avait 19 ans.
Et s’il s’est plu à jouer à Tetris, c’est qu’il était encore un grand enfant à 23 ans. Pour ce qui est de ses amis, il avait heureusement d’autres moyens que des outils électroniques pour s’en faire, sinon il aurait eu besoin d’attendre 43 ans (Facebook, 2004). Son loisir préféré est la télévision. À l’adolescence, il y regarde de nombreux feuilletons ou chaque épisode est une histoire complète, articulée autour d’une intrigue unique. D’ailleurs ce visionnage s’effectue souvent en famille, et même si tout le monde n’y participe pas, il n’y a pas de séparation formelle entre les générations quant à la culture télévisuelle naissante, qu’on peut encore qualifier d’intergénérationnelle. Le monde tel qu’il l’apprend à l’école tourne autour de l’affrontement Est-Ouest, d’une bipolarisation de la vie politique droite-gauche, des républiques de l’Union Soviétique, d’une Chine sous-développée et d’un sous-continent indien synonyme de colonie britannique. Il vit mai 68 à travers la perception de ses parents comme une déflagration sociale dont il aura conscience de l’importance plus tard.

mardi, mars 29, 2011

L'agence et l'annonceur, part I

Je n'ai jamais beaucoup aimé le qualificatif d'annonceur.
Ça me rappelle un peu les chirurgiens dans les couloirs en train de parler d'un tibia ou d'un foie pour désigner un patient, pendant que les aides-soignants parlent eux du 12 ou du 3 (n° de chambre). Personne à l'hôpital ne parle de Mme Machin ou de Mr Truc, et je crois que le résultat en est parfois qu'on ne considère jamais dans cet endroit -l'hôpital- que le malade est une personne entière (dans une vision holistique).
Quand j'entends (ou que je lis) les agences utiliser le mot annonceur pour désigner une entreprise, je me dis invariablement que cette vision nécessairement tronquée ne peut produire de bons résultats, ni à moyen ni à long terme.

mercredi, février 09, 2011

Prince of Assyria : meilleur que ce nom un peu "boy's band"...



Merci encore une fois à Fip de faire découvrir des artistes de grande qualité... comme celui-là. De son vrai nom Ninos Dankha, Prince of Assyria est né à Bagdad (Irak, d'où l'Assyrie), que ses parents ont fui pour la Suède. Drôle de mélange, diversité culturelle et mélancolie des déracinés. à suivre.
site officiel

lundi, mars 17, 2008

Google vert veut faire mieux que les (goo)gueules noires...

PC impact nous informe dans un billet du 28 novembre 2007 de la dernière initiative de Google qui a décidé "d'investir massivement dans l'aventure des énergies renouvelables, à grands coûts de rachats d'entreprises du secteur". L'initiative baptisée "Renewable Energy Cheaper Than Coal" résume l'ambition de Google : produire de l'électricité moins cher qu'avec le charbon, à base de solaire, de géothermie et d'éolien. Sensibilisé au sujet par l'énorme consommation de ses serveurs, le combat de Google contre le réchauffement planétaire est donc lancé.

Est-ce la simple mise en pratique de sa devise, "Don't Be Evil", qui incite Google à se lancer dans le combat écologique ? Ou bien de façon plus prosaïque, espère-t-il anticiper les conséquences de son implacable croissance et de l'aberration énergétique à laquelle cette irrésistible ascension le conduit tout droit ? L'ambition de parvenir d'ici seulement quelques années -et pas dans 30 ou 50 ans- à une production d'électricité "verte" permettra sans doute de contrer toute intention malfaisante envers le géant de l'Internet, si d'aventure on le tenait pour responsable du réchauffement de la planète. Et au rythme où il installe ses serveurs et affiche ses ambitions de diversification, parions que sa consommation électrique risque de devenir visible, même vue de la lune. En prime, Google s'offrirait une réduction de sa facture de consommation. Il passerait alors pour un acteur engagé du développement durable et cet engagement lui donnerait l'occasion de se diversifier hors des technologies de la communication.

Au final, beaucoup d'avantages et peu d'inconvénients pour une entreprise qui a les moyens de ses ambitions : Google capitalisait avant la crise des subprimes plus de 250 milliards de $ ! (mais aujourd'hui moins de 150...)

mercredi, février 13, 2008

L'industrie TIC en Inde, sacrée vache de l'année ?

OutlookIndia évoque le 22 octobre 2007 un sujet d'importance pour tous les informaticiens indiens : les problèmes de santé liés à la pratique intensive de l'informatique. "Les indiens urbains payent de leur santé le prix de leur carrière dans les métiers à haute teneur en informatique", avertit le journaliste en guise de sous-titre. Et il évoque ensuite le cas de plusieurs jeunes informaticiens passant 8 à 9 heures par jour devant leur écran à produire du code, obligés après quelques années de s'arrêter pour maladie. Ils sont victimes de CRI (Computer-related injuries), maladies réparties en trois grandes catégories : problèmes visuels, troubles orthopédiques dûs à des postures inadaptées, et plus fréquemment, des traumatismes dûs à la répétition du stress. Ces CRI représentent aujourd'hui la plus forte croissance des risques professionnels en Inde.
Tout cela est dû à une ergonomie inexistante et à de mauvaises habitudes de travail dans les secteurs où l'on pratique l'informatique de manière intensive. Ce n'est pas tant la prévalence de ces traumatismes qui est inquiétante que leur sévérité. Par exemple, le RSD (distrophie sympathique réflexe) est un trouble neurologique chronique qui fait de très nombreux "invalides" parmi une population jeune et de haut niveau.

Toutes ces pathologies ont un facteur en commun, la station de travail. Disposition du corps, des yeux, des mains, écran, station assise longue, lumière ambiante, climatisation... tout y passe. Les remèdes ne sont pas simples : de la chirurgie à la médecine traditionnelle, de l'orthoptie aux onguents, sans compter les arrêts de travail multiples et répétés... l'Inde commence à être malade de sa spécialisation.

Restent deux catégories d'entreprises attentives à ces problèmes : les filiales d'entreprises étrangères qui ont rencontré des problèmes similaires ailleurs, qui leur ont valu des poursuites pénales ; et les entreprises locales dont les managers ont pu être eux-mêmes affectés par ces troubles, et qui -du coup- y accordent une grande importance.

Ce qu'on peut en dire :

Offshore et informatique ? On pense inévitablement à l'Inde. Là-bas,
de nombreuses usines à logiciel locales s'enturbannent derrière le CMM (Capability Maturity Model), comme LE critère de qualité ultime. Mais le CMM n'intègre pas les taux d'invalidité... Il faudra pourtant bien un jour faire en sorte que l'investissement consenti par la société indienne pour former ses élites technologiques ne soit pas diminué par une augmentation des incapacités de travail, et ce, bien avant l'âge théorique de la retraite. Cela passera sans doute par l'amélioration des conditions de travail de ces jeunes ingénieurs, qui voudraient bien devenir vieux (c'est encore le seul moyen qu'on ait trouvé de vivre longtemps...).

Leur salaire se rapproche peu à peu des standards occidentaux (avec une croissance annuelle de 8 à 15 %, on n'est pas étonné de ce rattrapage). Et il faudrait y ajouter des dépenses pas vraiment prévues au départ :
  • des locaux modernes et adaptés (éclairage, silence, climatisation, lieux de détente...),
  • du mobilier convenable (sièges, bureaux),
  • du temps de pause non directement productif,
  • une médecine du travail de proximité,
  • des syndicats efficaces,
  • inscrivez-ici-vos-conditions-de-travail-idéales...
Un peu ce qu'on connaît chez nous, en fait. Mais ces améliorations ont un coût ! De quoi limiter l'intérêt économique de l'offshore si toutes ces dépenses sont, au final, facturées au client...

A moins, bien sûr, que l'engouement pour les ingénieurs indiens ne relève pas que de l'attractivité salariale.

jeudi, août 30, 2007

Take-Away Computing...

Trouvé dans 01net, le dernier projet de Sun, vu du côté constructeur de serveurs : la "blackbox". C'est une salle informatique dans un conteneur de taille standard -donc facilement transportable, et accueillant tous types d'ordinateurs dans des conditions d'utilisations optimisés (climatisation intégrée, résistance physique). Trois branchements seulement suffisent à son fonctionnement : électricité, eau et bien sûr, réseau.

Malcom Mc Lean quand il inventa le conteneur en 1956 ignorait probablement tout des ordinateurs. Alors comment aurait-il pu imaginer qu'un demi-siècle plus tard, son idée qui a révolutionné le transport mondial serait un standard si largement répandu qu'il essaimerait bien au-delà de sa fonction première de conteneur d'objets ? Mais s'il joue toujours le rôle de contenant, le contenu, lui, est aujourd'hui devenu quasiment virtuel.

Sun présente sur son site ce projet "futuriste" comme l'aboutissement d'une réflexion collective : comme on peut l'entendre dans une vidéo, ses créateurs souhaitaient concevoir l'ordinateur le plus grand possible, tout en le maintenant transportable. Au cours d’une séance de brainstorming très prolifique, l’un des participants lança l’idée du conteneur de marchandises (shipping container en anglais). Le projet était né...

On ne peut prédire dès maintenant le succès de la chose. Mais l'objectif de transportabilité est d'ores et déjà atteint : la "blackbox" est si facilement déplaçable qu'on voit dans une petite vidéo promotionnelle le très design conteneur noir au sommet d'un gratte-ciel new-yorkais, puis coincé entre les poteaux d'un garage souterrain. C'est dire s'il est à l'aise partout. Sun réinvente l'informatique d'entreprise mobile !
Bon, le constructeur ne dit rien de l'administration technique du truc. S'il faut intervenir à l'intérieur, mieux vaut ne pas être claustrophobe si le problème s'étire un peu...
Quand à la disponibilité de l'électricité pour faire marcher le bousin, Sun ne nous dit pas s'il fournit le générateur à pétrole quand on est à plus de 100 m d'une prise de courant. Transportable certes, mais pas trop loin d'un compteur EDF tout de même.
Quand à la présence d'un point d'eau, sans aller au Sahel, un certain nombre d'endroits dans le monde auront du mal à assurer. Enfin, de l'Internet à haut débit, c'est pas encore partout...

Bref, un bel objet, mais dont les possibilités d'usage concernent quand même une frange limitée de cas. Quand on voit les soucis d'approvisionnement électrique dans certains états, y compris aux USA, la pénurie croissante d'eau sur la planète, et que l'Internet à haut-débit ne couvre que 10% de la population mondiale, la voie creusée par Sun est intéressante, puisqu'elle fait preuve d'économie de consommation. Mais on est encore loin du compte en matière d'informatique verte. D'ailleurs, la bête s'appelle blackbox et pas greenbox. Traduire "plus opaque qu'écologique"?

Pour finir, voici quelques images de la tournée promotionnelle à Paris en juin dernier. Le promoteur de la tournée (une vraie star, cette machine !) marie allègrement les symboles :
la blackbox et Notre-Dame en vis à vis, c'est l'alliance du diable et du bon Dieu ?

vendredi, juillet 13, 2007

Les vieux disent "Wii !" à la maison de retraite !

Le Chicago Tribune ouvre ses colonnes à un adulte, Alex Goldfay, insatiable pratiquant de jeux vidéo (notamment de Madden Season, jeu d'arcade et sur console de football américain) et qui s’interroge sur le rapport entre l’âge et la passion du jeu vidéo. Celui-ci s’étonne de ne pas être seul de sa catégorie d'âge dans son cas. En effet, il semble, statistiques en main, que de nombreux individus d’un certain âge (c'est à dire largement au-delà de l'adolescence) puissent devenir également « passionnées » de ces jeux vidéo. Mais en réalité, les statistiques sur le jeu, souvent très générales, incorporent toutes sortes de comportements, comme le grand-père jouant au solitaire, ce qui augmente mécaniquement l'âge moyen du joueur. En fait, le jeu vidéo reste majoritairement l'apanage des jeunes, conformément à l'idée reçue. L'auteur du billet se rassure comme il peut en citant l’exemple de cette maison de retraite de Sedgebrook, dans les environs de Chicago (moyenne d’âge entre 70 et 80 ans) dont les pensionnaires s’adonnent à des parties sur des consoles Nintendo Wii, comme de vulgaires adolescents. L'établissement abrite même une championne, Ginger Kotz, 65 ans, fière de sa passion, et qui joue toujours en groupe, à la différence de l’auteur qui avoue jouer seul, le plus souvent. Cette joueuse reconnaît même que pour les personnes âgées, le jeu vidéo "fait travailler le cerveau" et ajoute : "Oui, c'est une thérapie !".


Alors, le jeu vidéo est-il l’avenir de l’homme (et de la femme) ? On le croyait circonscrit aux adolescents attardés et abêtis… et voilà qu’au soir de leur vie, des hommes et des femmes s’y adonnent sans vergogne, jusqu’à organiser des concours ! Alzheimer est prévenu, et Parkinson n’aura qu’à revenir plus tard… Le jeu permet de maintenir les réflexes et la vivacité, la mémoire et l’adresse. Bref il redonne un supplément de jeunesse ! Mieux encore, il permet de créer du liant entre les joueurs, caractéristique primordiale chez les personnes âgées trop souvent esseulées. Alors, les constructeurs et éditeurs de jeux sauront-ils adapter leurs futures consoles, manettes et autres interfaces homme-machine à un public aux revenus qu’on dit confortables et dont le nombre ne cesse d’augmenter ? Et les éditeurs de sites Internet leur emboîteront-ils le pas, en intégrant ces spécificités des personnes âgées qui les rapprochent des adolescents, autre cible marketing ?

jeudi, juin 07, 2007

Google, artisan du bien… penser ?

Un billet de 01net.com mêle nos bonnes vieilles actualités électorales et le génial Google Earth dans une brève du 24 avril 2007. Après le chargement de la dernière version du logiciel, une représentation « politique » de la France apparaît graphiquement, avec des cylindres bleus ou rouges selon le vote majoritaire de la ville ou du département considéré. Le journaliste Philippe Crouzillacq remarque ainsi que Google « poursuit sa politique d’illustration de l’actualité », et rappelle l’initiative du géant du Net qui expose, en association avec le United States Holocaust Memorial Museum, les ruines de 100 000 bâtiments au Darfour après les exactions des milices arabes à la solde de Karthoum. Sujet également abordé par Astrid Girardeau sur Ecrans, un site du quotidien Libération.

Cet article, d’une vingtaine de lignes seulement, touche du doigt une évolution particulièrement importante dans la présentation et d’illustration d’événements politiques ou historiques.

L’actualité fut longtemps le fait de la presse écrite ou audiovisuelle. La première est considérée comme un média d’opinion, fréquemment partial mais bien documenté, la seconde, elle, est perçue comme plus neutre, mais moins approfondie. Le Web, en tant que média, c'est-à-dire support d’une information, peut à ce titre reprendre tout ou partie des caractéristiques de ses prédécesseurs (texte, audio, photo, vidéo…). Mais il peut également se comporter comme un médiateur, c'est-à-dire l’interprète des faits et le « poseur de sens » des événements de notre monde. Alors il prend position et s'inscrit comme un acteur, non plus comme un simple spectateur du monde.

Cette ambition, Google l'affirme depuis le début avec un slogan, "Don't be Evil". Comme le dit Elliot Schrage, Vice-Président de Google, « à Google, on croit que la technologie peut être un catalyseur pour l’éducation et l’action ».

C'est bien de faire le bien. Cette dénonciation des massacres perpétrés au Soudan est plutôt consensuelle, et elle ne froissera personne. Il est probablement utile, voire indispensable, qu'un géant mondial s'en préoccupe et nous invite à nous forger une opinion. Dans une catégorie parallèle, l'acteur américain George Clooney a lui aussi mis toute sa notoriété dans cette même bataille. Avec l'aide de son père, ancien journaliste, il a passé du temps sur place, filmé, interrogé, puis montré à toute l'Amérique ce qui se passait au Darfour, pour sensibiliser l'opinion publique.

Pour autant, toute la misère du monde n'est malheureusement pas concentrée au Darfour... et il ne faudrait pas que d'autres faits humains ou planétaires restent dans l'ombre parce qu'ils ne sont pas traités par Google. A moins que ce dernier ne mette en place pour ces causes un système d'enchères dont il s'est fait une spécialité...

vendredi, mai 25, 2007

Les coordonnées sont les plus mal chaussées ?

Améliorer l’interopérabilité entre services d’urgences : une nécessité… vitale !

article origine du WP

Quelques tragiques événements observés ces dernières années aux USA ont mis en lumière les limites des organisations américaines en matière d’interventions et de secours d’urgences. C’est ce que décrit le Washington Post du 15 février 2007, dans un article qui remet en cause les chapelles et prés carrés des différentes organisations concernées lors de la survenue d’événements de type catastrophe naturelle ou terroriste. L’exemple cité le plus frappant est celui des pompiers new-yorkais qui ont péri dans les tours jumelles le 11/9/2001 parce qu’ils ne pouvaient capter sur leur radio les informations transmises par la police annonçant l’imminence de l’effondrement des bâtiments.

L’auteur, l’un des responsables de l'Hudson Institute, se penche sur les problèmes nés du manque d'interopérabilité entre les systèmes d'information et de communication de ces différents acteurs. Mises en évidence à plusieurs reprises ces dernières années, ces difficultés font l'objet d'études donnant lieu à des rapports publics, prescriptions, et à l'allocation de ressources financières spécifiques (3 Mds $ depuis le 11 septembre 2001). Trois domaines ont été particulièrement soulignés lors du dernier rapport en janvier 2007 : (1) les plans stratégiques de coordination des services d'urgence répartis sur plusieurs entités juridiques différentes (NDT : état fédéral, états, conté, ville, etc.) ; (2) leurs standards de politiques et procédures de réponse à des catastrophes ; (3) leurs exercices d'entraînement lors de simulation de crises.
Plusieurs leçons sont à retenir de ces études. La première est que "la pratique perfectionne". Depuis longtemps, chacun des acteurs a développé et amélioré ses propres pratiques en terme de réponse à des catastrophes, mais la communication "inter-corps" est une tout autre affaire. Les exercices effectués en 2006 ont mis en évidence les principaux écueils et permis de progresser sur ce plan. L'enjeu majeur, et la difficulté tout aussi majeure, est ici de construire un système simple d'utilisation et robuste, à partir de systèmes spécialisés et "propriétaires". Le rapport indique que l'interopérabilité est plus aisée entre des systèmes appartenant à des services différents qu'entre les différents périmètres politico-administratifs... Par exemple, on apprend que si 60 % des acteurs concernés interrogés lors de l'étude ont mis en place des moyens considérables pour pouvoir communiquer entre eux, seuls 21 % ont démontré leur capacité à échanger des informations avec les responsables officiels, qu'ils soient de l'état ou fédéraux, en cas d'urgence. Selon l’auteur, la clé du succès serait liée à l'importance des montants financiers engagés dans les équipements de télécommunication.

mercredi, novembre 29, 2006

La Web Hispanica

Le Washington Post du 7 octobre évoque l’hispanisation des émigrés d’origine latino-américaine aux USA.
L’intégration des « latinos » à la société nord-américaine a pendant longtemps été assez poussée : les voyageurs aux Etats-Unis se souviennent peut-être de certains serveurs ou chauffeurs de taxi, tout justes capables d’aligner 5 mots d’anglais, mais revendiquant fièrement leur nationalité américaine... Depuis quelques mois, l’Internet est en train de bousculer ces quelques certitudes. Le Web permet maintenant aux émigrés d'origine hispanique de rester plongés dans l’actualité et la culture de la terre de leurs ancêtres grâce à la lecture de plus de 700 journaux latino-américains en ligne.
L’e-mail, le téléphone sur IP, la messagerie instantanée, les sites sociaux comme MySpace.com et Quepasa.com facilitent le contact quotidien entre membres d’une même famille ou de communautés. Ceci conduit d’ailleurs à un phénomène inattendu, la fertilisation croisée. Ou comment un immigré de la République dominicaine, en écoutant de la musique d’origine mexicaine sur différents sites de radio, comme le très fréquenté Batanga.com, s’est trouvé une grande proximité avec ses frères chicanos. Comme il le dit, « la pollinisation croisée élargit les frontières de l’identité latino ». Et cette tendance n’est pas près d’être contrariée, témoin le rapide développement de télévisions communautaires sur Internet.
Après les latinos, verra-t-on les irlandais, italiens, chinois et autres communautés « importées » aux USA, qui en font la sève et la richesse, revenir à leurs racines via le Web ? Doit-on craindre une déstructuration de la société américaine dont les valeurs étaient jusque là justement fondées sur l’intégration et l’assimilation des étrangers, ou bien au contraire se profile-t-il un élargissement de la communauté avec la prise en compte des spécificités de chacun ?

Au moment où l’on demande à nos immigrés, en France, d’oublier, voire de renier leur pays d’origine, est-il encore possible, avec l’émergence de cette nouvelle géographie, d’imposer un carcan nationaliste à des individus qui peuvent à tout instant de leur vie, par un simple clic, retourner « chez eux » tout en restant physiquement dans leur pays d’adoption ?

La réponse des jeunes générations pourrait très naturellement associer intégration locale et attachement aux racines, conjuguer vie citoyenne et histoire personnelle.
À défaut d’être un terrain d’entente universel, le Web prouverait encore une fois sa capacité paradoxale à individualiser, et dans le même temps, à rassembler.

mardi, novembre 21, 2006

Enrichissez-vous... devenez social…coolique !

Une récente étude américaine rapportée par le Journal of Labour Research en septembre 2006 montre que les buveurs d’alcool gagneraient 10 % de plus que les non-buveurs. Ceci pour les hommes. Chez les femmes le différentiel est plus grand encore : 14 % d’écart, entre celles qui boivent et les autres. Explication ? La consommation d’alcool permet d’accumuler du capital social. « Les buveurs tendent à être plus « sociaux » que les non-buveurs » explique le professeur d’Economie et co-auteur de l’étude Edward Stringham.
Plus étonnant encore, l’étude révèle que les hommes qui boivent dans des lieux publics (bars…) ajoutent encore 7 % à leur feuille de paie. Pour Edward Strigham, la raison tient au fait que « les gens qui boivent en société construisent des réseaux, des relations et accumulent des contacts. Cela se traduit par des salaires plus élevés ». En revanche, pour une femme, le fait de boire en public n’augmente pas le revenu par rapport à une femme « simplement buveuse ». La raison à cette différence avec les hommes pourrait être qu’elles construisent du social d’une autre façon…

Commentaire :

On n’osait y croire, boire de l’alcool -pas trop tout de même, stimulerait les rencontres. On avait presque réussi à nous faire admettre que l’alcool détruisait tout : la santé, le couple, les amis… Et on nous explique aujourd’hui qu’à l’inverse, il peut créer du lien social. Les cafés où l’on ne s’arrête plus après sa journée de travail, parce qu’ils ont disparu, ou parce qu’on quitte le travail plus tard, ou parce qu’on rentre s’occuper de sa petite famille… permettaient de nouer et de renforcer des relations auxquelles tendent à se substituer aujourd’hui le mail et le « conference call », mais à l’évidence, pas avec le même succès.
Les auteurs du rapport devront néanmoins convaincre quelques oubliés de leur étude qu’ils peuvent s’enrichir en buvant de l’alcool grâce à cette accumulation de capital social : les clodos…

mercredi, septembre 20, 2006

Le podcast, un outil anti Web 2.0 ?

Je ne crois pas un seul instant que le podcasting soit un acte social.
Je pense au contraire que si le fait de télécharger son programme personnel à partir de contenus audio ou vidéo disponibles sur le Web est certes une facilité, c'est également un acte délibérément égoïste et profondément individualiste.

Egoïste parce que bien souvent, celui qui podcaste (terme ambigü : le podcasteur est-il celui qui crée des podcasts ou celui qui les écoute ?) ne va faire que profiter de cet énorme déballage. Il aura même l'excuse, sinon la justification, que puisque c'est disponible il peut le prendre. Bien sûr, télécharger un podcast ne dépossède pas son créateur de son oeuvre. Mais alors, il en est ainsi de toute oeuvre de l'esprit et dans ce cas, pourquoi faire tout un fromage des téléchargements de musiques ou de films ? Peut-être parce que ce qui se joue avec le podcast tient plutôt de l'exhibitionnisme que de l'affichage, observant en cela une parfaite filiation avec les blogs (dont celui-ci, peut-être...). Le podcasteur, celui qui en fait de création ne fait qu'assembler diverses émissions, est d'abord un utilisateur, et dans de bien rares cas seulement un créateur philanthrope.

Individualiste ensuite, parce qu' à ce jeu là, il n'existera bientôt plus de zone culturelle commune. Vous savez, ces moments que nous partageons à la machine à café ou à déjeuner entre amis ou collègues et pendant lesquels on revisite ensemble l'émission entendue ou vue la veille au soir... Ces échanges existeront-ils encore quand chacun aura créé son propre programme personnalisé et individuel (excusez la redondance des termes, c'est pour la démonstration ;>)) avec des bouts de trucs ici et là ?

Je passe sous silence les moyens techniques et le savoir-faire nécessaires pour produire un podcast digne d'intérêt. Les journalistes de radio et de télévision ont beau ne pas être tous des génies de l'humanité, ils travaillent généralement au sein de structures dans lesquelles l'esprit critique collectif arrive tout de même à favoriser la qualité du contenu. Le filtre de la "rédaction" est un gage sinon de qualité, du moins de sérieux. Et si un parfait inconnu, du fond de son appartement, avec un PC et un micro, arrive à concevoir et produire une émission intéressante pour d'autres, ce sera pour moi l'exception qui confirme la règle.

A bon podcasteur, salut !

mercredi, juillet 12, 2006

L'Italie de Calderoli n'a pas gagné la Coupe du Monde !

A l'opposé du slogan fondateur de cette coupe du monde "tous unis contre le racisme", lue ce matin dans "le Canard" une petite phrase qui va faire des remous...
"La victoire de Berlin est une victoire de notre identité, d'une équipe qui a aligné des Lombards, des Napolitains, des Vénitiens et des Calabrais et qui a gagné contre une équipe qui a sacrifié sa propre identité en alignant des noirs, des islamistes et des communistes pour obtenir des résultats"
Ce commentaire de Mr Calderoli, ancien ministre des réformes viré par Berlusconi à la suite de ses provocations -déjà !- au moment de l'affaire des caricatures de Mahomet en dit long sur la tentation qu'ont certains nostalgiques de revenir à une période très sombre. Beaucoup plus sombre que la couleur de peau de n'importe quel être humain sur cette planète...
Ce qui est intéressant dans cette provocation, c'est que Calderoli fut médecin, avant d'être titularisé en 2004 par Berlusconi pour remplacer son prédecesseur victime d'un accident cardiaque, Umberto Bossi. Le serment d'Hippocrate ? Le respect de l'être humain ? Berlusconi avait déjà en son temps vanté la supériorité de la civilisation occidentale sur toutes les autres, après le 11 septembre 2001. Une habitude transalpine ?
Non, ne nous trompons pas, ce n'est pas l'Italie qui est en cause, ni les italiens ! Si Le Pen est français, tout comme moi, au moins 4 personnes sur 5 (dont votre serviteur) que je croise dans la rue sont à l'opposé de ses pensées xénophobes et de ses discours anti-républicains... La France est riche de toutes ses couleurs, et elle sait se servir de cette palette pour gagner. Et parfois même en dehors des terrains de foot ! S'il m'était donné le choix, je n'échangerais pas un Thierry Henry contre 10 Materrazzi (si j'étais un adepte de jeux de mots, je l'écrirais peut-être maternazi, ce qui serait une forme de réponse à l'ignoble insulte proférée contre Zinedine Zidane).
Rappelons les affiches parfois provocatrices d'un autre italien, Luciano Benetton, qui avait affirmé son goût du muticolore... En tout cas je me plais à imaginer que ce n'était pas juste pour faire de l'argent...

Finalement, l'Italie de Calderoli n'a pas gagné la coupe du Monde.
Elle a tout juste remporté, non sans peine, la coupe de la ligue du nord.

mardi, février 14, 2006

L'avocat commet le pire du pire

Olivier Cousi, avocat de son état et spécialiste du droit d’auteur intervenait ce soir dans l’émission contre-enquête sur France 2, pour ne rien dire. Enfin, pour dire des conneries. En fait, pour dire au milieu de quelques banalités à peu près vraies, des conneries. Ce qui est pire, non ? Le pire du pire, c’est qu’il ait répété sa grosse bêtise, l’avocat. Et ce, devant des téléspectateurs dont tous ne sont pas versés dans ces subtilités juridiques ou technologiques.

De quelle connerie s’agit-il ? Tout bonnement, de confondre peer-to-peer et logiciel libre. De faire l’amalgame. Le Logiciel Libre et le peer-to-peer c’est du pareil au même, Madame. La même chose. Les mêmes voyous qui les fabriquent, les mêmes racailles qui s’en servent pour piller les artistes. André Rieu pilonné par un Apache, Johnny torpillé par mySQL, Adamo spolié par The Gimp, Aznavour abattu par OpenOffice.org. (voir un article détaillé sur le sujet)

Monsieur l’avocat spécialiste des droits d’auteur, j’ai peine à croire que vous ne sachiez pas à ce point là ce dont vous parlez quand on touche à des sujets d’une si brûlante actualité dans laquelle vous représentez le droit. Mais au fait, quel droit représentez-vous ? Le droit des maisons de disques (qu’on appellera bientôt maisons de téléchargements musicaux, ou pire encore, maisons de téléchargement mobile…) ? Le droit à la licence globale ? Le droit de se taire devant le diktat des producteurs de bouillie saucissonnée en tranches de 3 minutes, voire d’une minute trente ? Le droit des géants mondiaux de l’industrie logicielle qui crée chaque jour grâce à des dizaines de milliers d’ingénieurs indiens des produits qui SURTOUT ne doivent pas être inquiétés par la fourmilière des programmeurs bénévoles qui inventent l’informatique du nouveau monde, ceux-là même qui tentent de proposer une alternative aux géants mondiaux, non de l’informatique, mais du marketing et du bénéfice sur le dos des utilisateurs…

Monsieur l’avocat, vous mettez tout le monde dans le même panier. Les adolescents qui téléchargent ce qu’ils ne veulent payer ou ne peuvent s’offrir ; les jeunes cadres qui téléchargent du divX pour s’éviter la pauvreté de la programmation des grandes chaînes commerciales ; les branchés qui rentabilisent leur iPod nano ou méga en le bourrant à ras bord de mp3 ; les informaticiens, brillants génies ou sombres cloportes qui coopèrent en toute humanité pour créer des outils qui permettent de créer de la culture, de l’intelligence, de la science, ces logiciels libres qui ne sont pas, comme vous l’affirmez, des outils malfaisants et condamnables.

Au-delà du fait que bien sûr, avec certains de ces logiciels libres, on peut commettre quelque illégalité, la plupart sont conçus et réalisés pour faire tout autre chose.

C’est comme les avocats. Ce n’est pas parce que certains ont défendu Maurice Papon ou Hermann Göring (tous deux condamnés) que l’avocat est mal en soi. Il est ce qu’on lui demande d’être, s’il l’accepte. Si le logiciel a parfois envie d’être libre, c’est son droit et celui de ses auteurs. Vous servirez mieux la cause de vos employeurs en respectant la vérité.

samedi, février 11, 2006

La télé, c'est de la kaamelott...

Qu'elles sont rafraîchissantes, ces minutes décalées qui peuplent le vide entre la fin du JT -que je ne regarde plus depuis longtemps- et le début du prime -que je regarde encore, même distraitement. Ce temps autrefois dévolu à Monsieur Cyclopède, et un peu plus tôt dans l'histoire de ma vie, aux shadocks...
Ce n'est ni le même décalage, ni la même loup phoquerie. Je veux dire sur un plan qualitatif. Mais il y a une justesse et une précision si scalpellisée dans le texte, jusque dans sa déclamation, que cette série au générique habilement tromporaccoleur est jubilatoire.

Faites attention Alexandre Astier, vous valez mieux que nombre de vos congénères sériels. Continuez donc à faire comme si, vu du Siège Social, Kaamelott était destiné aux gamins décérébrés.

Je tiens donc à vous informer que je n'écrirai pas à la chaîne pour leur dire combien je me plais à vous regarder dès que possible, à traîner devant le poste mes enfants en bas âge, à faire taire toute la maisonnée, à couper le téléphone, à guetter une éventuelle sortie de dévédé et tout le toutim. Ils risqueraient de mettre leurs gros pieds dans le plat.
Et ça, ce ne serait sûrement pas bien.

vendredi, octobre 14, 2005

ma tête en léger flou.

Nobel ? Noblesse, plutôt...

A l'occasion d'une interviouve de Mr Yves Chauvin hier sur une radio "économique", j'ai pu goûter quelques minutes de pure joie auditoriale. "Notre" prix Nobel de Chimie y fut exemplaire de sincérité, de modestie, de "normalité", bref, le contraire d'une grosse tête (émission qui par ailleurs existe sur une station du même groupe...). Je retiendrai notamment, à la fin de l'entrevue, cette réponse définitive à la question
"- Et demain vous allez rencontrer Jacques Chirac, qu'allez-vous lui dire ?" :
"- Je crains fort qu'il ne soit déçu vous savez, je ne lui dirai pas grand chose de plus que ce que je viens de dire ici...".
Et aussi cette réponse à la question
"- Estimez-vous avoir eu suffisamment de moyens pour travailler ?" :
"- J'ai eu des moyens suffisants pour mes capacités intellectuelles".

Sans commentaire.

jeudi, octobre 13, 2005

Aujourd'hui j'ai un peu mal à la tête...

Eh oui, quand j'entends que l'organisation syndicale responsable du blocus SNCM depuis plusieurs jours arrête les frais, je me demande bien pour quelle raison ils ne l'ont pas fait plus tôt. Ca nous aurait épargné un encombrement médiatique malheureux et inutile, et on serait plus avancé puisque les discussions sur le fond auraient déjà commencé. Bref, avec l'argent du contribuable, une fois encore, on a fait n'importe quoi. Au nom de la liberté syndicale de quelques marins qui ne représentent pas grand monde, en tous cas ni la Corse, ni la France.